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À propos de l’acné…

Ce n’est pas simple d’être parent d’ado même quand il n’y a pas d’acné… Quand il y en a, c’est encore plus compliqué. L’idée c’est d’essayer d’être là, d’absorber les chocs, d’accompagner les rechutes et de soutenir son ado, même si on fait des erreurs. Ce que vous direz, et la manière dont vous le direz, c’est toujours mieux que de ne pas le dire. J’encourage les parents à essayer, c’est toujours plus intéressant que de ne pas essayer. Et ne pas se décourager, ne jamais abandonner.

 

L’adolescence est un moment de conflit avec beaucoup d’émotions qui se mélangent. À ce moment-là, la peau exprime beaucoup de choses contradictoires.

 

Il est important pour les parents de ne pas se dire que l’acné exprime forcément un problème, mais plutôt que l’ado a de l’acné et ça va lui poser des problèmes. Ou pas ! Il peut aussi très bien vivre avec. Si vous trouvez qu’il a beaucoup de boutons mais qu’il a un comportement normal, s’il a l’air de bien le vivre, s’il a une vie sociale, des amis, il fait du sport… Son élan vital, son développement ne semblent pas affectés. Doit-on lui parler d’acné ? Pas forcément  

 

Il faut être à l’écoute, par rapport à ce qui existait avant, repérer les signes qui peuvent alerter. Je parle d’une aggravation des signes fréquents de l’adolescence : repli sur soi, addiction aux écrans, dépendance aux avis internet, tristesse… Ça peut être utile de se questionner, d’en parler à l’ado. Si le dialogue est possible, peut-être essayer d’orienter, d’aiguiller, de faire appel à quelqu’un. C’est une question de dosage. Si ces situations s’installent, il faut l’aider : consulter d’abord un généraliste ou l’emmener chez un dermatologue, éventuellement dans un centre médico-psychologique. Ça n’a rien de pathologique. Ça a un sens d’être aidé et de ne pas être seul face à la situation. Si la vulnérabilité et la détresse sont trop grandes, je pense qu’on a toujours intérêt à voir un médecin.

 

 

Le regard des autres pour un adolescent acnéique c’est  compliqué… C’est une période d’interrogation, des parents, des amis, des pairs, du groupe d’appartenance. L’impact peut être mineur sur quelqu’un qui a déjà une bonne construction et qui a déjà dépassé ce stade du besoin de soutien dans le regard de l’autre. L’impact du regard des autres est d’autant plus fort que l’ado est vulnérable.

 

Il faut expliquer à l’ado que son acné n’est pas le reflet de sa personne. Que l’image que lui envoie le regard de l’autre, l’image esthétique au sens pictural du terme, ne le résume pas. Je pense que tout ce qu’on peut proposer à l’ado pour lui permettre de ne pas être que ça, peut lui être utile. Sport, musiques, activités, il faut essayer de le valoriser sur d’autres terrains. Dans ces moments-là, le soutien d’un tiers est décisif.

 

Ça peut être une personne de la famille, quelqu’un qui a eu de l’acné, un ado plus grand, le médecin, le psy quand la situation est vraiment compliquée… L’idée c’est que quelqu’un soit là pour le soutenir. Ça peut être un prof dans un cours de musique. C’est quelqu’un avec qui l’ado va pouvoir dialoguer quand il n’arrive pas à dialoguer avec lui-même ou avec ses parents. Quelqu’un de confiance qui va savoir écouter, pas toujours un psy, le dermato ou les parents. Même si les parents comptent beaucoup, ils ont un rôle d’interface à jouer.

 

 

Le dermatologue a toute sa place, c’est le spécialiste qui a les connaissances de la peau, il faut que les parents valorisent ce côté scientifique. Mais il faut aussi veiller à la qualité de la relation, pour que l’ado ait le sentiment d’être entendu. C’est parfois une question de personne. Même avec le meilleur dermato, si ça ne passe pas avec l’ado, ça ne passe pas. Il faut parfois changer de personne, accepter une incompatibilité d’humeur, sans remettre en cause le bien-fondé médical du dermatologue. Essayer d’entendre ce que veut dire l’ado à travers ça.

 

 

L’impatience des ados vis-à-vis du traitement contre l’acné vient d’une gêne personnelle et de l’inconfort de la peau. Et aussi d’une gêne dans le regard des autres, quand l’acné touche le visage. Ce n’est pas la même chose pour des patients qui ont de l’acné dans le dos. Là, chaque fois que vous passez devant une glace, ça vous est rappelé en continu, impossible d’ignorer ce qui vous arrive.

 

Le fait que ce soit visible rend les choses plus pénibles et génère des comportements d’impatience. Souvent la réponse à l’impatience passe par le percement et le fait de triturer les boutons. C’est une fuite en avant, parce que ça aggrave la situation.

 

Chaque parent fait comme il peut avec son ado qui devient un adulte. À un moment donné, le parent ne peut pas imposer les choses, ni faire de l’ingérance. Il vaut mieux dialoguer, expliquer et responsabiliser. Laisser l’ado prendre ses décisions et les assumer. Il faut parfois lâcher prise et être là plus tard, si les choses s’aggravent.

 

 

Le fait que les boutons soient aussi visibles, par vous et par les autres, accentue le besoin de percer.  C’est une réponse à l’impatience. Le fait de triturer les boutons, c’est une fuite en avant, parce qu’on sait que ça aggrave la situation. Vous savez que vous ne devez pas le faire. Mais c’est la seule action qui est à votre portée. C’est un passage à l’acte. C’est comme manger mal quand vous êtes en surpoids. Ce n’est pas bien, mais ça vous console. On retrouve un peu ce même schéma. C’est complètement addictif. Et c’est alimenté par l’impatience. C’est une tentative de reprendre contrôle qui est délétère, rarement le désir de se faire mal. C’est une tentative qui rate, qui aggrave, une fausse route. Il faut essayer d’instaurer une spirale vertueuse en expliquant pourquoi il ne faut pas toucher.

 

L’acné est une expérience à traverser, quelque chose qui vous rend plus fort. Même si c’est difficile à entendre quand on est ado.

 

 

Certains patients tentent des traitements alternatifs. Je ne suis pas opposé à ce type de technique, pourvu que ce soit compatible avec un traitement classique. Croire à l’efficacité de quelque chose peut aider, comme dans toutes les croyances….

 

C’est mieux de croire, parce que ça soutient. Le problème, ça n’est pas tant la croyance en tant que telle, parce qu’elle est un moyen de défense tout à fait banal et adapté. Le problème c’est que ça empêche d’avoir un « vrai » traitement, ou un traitement reconnu médicalement. C’est valable pour tous les problèmes dermatologiques et globalement pour tous les problèmes de santé. Ces approches peuvent être complémentaires. Mais s’il faut traiter par isotrétinoïne une peau très inflammatoire qui le nécessite, il faut le faire.

 

Il n’y a pas à éradiquer les traitements auxquels on croit. Certains patients pensent que certains produits vont être mieux pour eux. S’il n’y a pas de contre-indications dermatologiques, pourquoi pas ? Tant mieux si ça les aide. Pourvu que par ailleurs ils fassent ce que les médecins leur recommandent. Je ne suis pas dans l’opposition pour autant que ce soit compatible avec un traitement classique s’il est nécessaire.

 

Extrait de l’interview réalisée en 2020 pour NAOS

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